Une chaude journée de fin de printemps, près du village de Somsois, en Champagne. Là où le couvert cultural ne s’est pas encore refermé, les sols crayeux miroitent au soleil, si fort qu’ils font cligner des yeux. Dans cette région à forte vocation agricole, Damien Menuel travaille 860 ha en SCEA avec son oncle et son cousin. Quelque deux tiers de la surface sont constitués de sols légers et calcaires, presque blancs, où une fertilisation soigneuse est de rigueur pour débloquer de hauts rendements. Le reste se situe sur des sols limono-argileux drainants.
Ici, blé et orge couvrent plus de la moitié de la sole. Le reste est majoritairement semé en colza, tournesol, betterave à sucre, pomme de terre, et quelques légumineuses. En raison du dévers et de problèmes d’érosion, Damien a engagé il y a 15 ans une réflexion sur la réduction du travail du sol. Le contrôle des populations d’adventices est également une priorité pour lui.
Des Solutions High-Tech
Le parc de matériels de l’exploitation, très moderne, ne laisse aucun doute : Damien Menuel est féru de technologie. Les cinq tracteurs principaux, trois de forte puissance (séries 8020 et 8R), et deux 6R, sont connectés via JDLink au John Deere Operations Center, que l’agriculteur a également installé sur son téléphone de façon à pouvoir localiser chaque machine à tout moment et à suivre la progression des travaux. Les semoirs, épandeurs et pulvérisateurs sont équipés en ISOBUS et coupure de section. La mise en œuvre des techniques d’agriculture de précision se concentre jusqu’à présent sur la fertilisation.
Damien Menuel collabore depuis des années avec John Deere. Cette année, le Champenois a notamment testé une procédure améliorée de transfert de données entre le système xarvio de BASF et le John Deere Operations Center. « Je devais auparavant utiliser une clé USB pour amener la carte d’application xarvio dans le tracteur. Désormais, je peux charger les données à distance à partir de xarvio, via l’Operations Center. »
Les satellites ne détectent pas les adventices depuis l’espace. See & Spray est un peu comme un œil électronique qui balaye la parcelle.
Damien Menuel
Un ŒIl ÉLectronique Sur Le Terrain
En automne 2022, Damien était également l’un des premiers à tester le système See & Spray, sur un traitement glyphosate : « Aujourd’hui, un agriculteur ne peut plus connaître exactement toutes ses parcelles. Et les satellites ne détectent pas les adventices depuis l’espace. See & Spray, d’un autre côté, c’est un peu comme un œil électronique qui balaye le champ. Nous avons eu une expérience très positive avec la détection vert sur marron, qui a permis une réduction de dose d’environ 30 %. »
Ce printemps, c’est en post-levée que Damien a testé l’outil, avec un herbicide classique. En colza, betterave sucrière, tournesol, soja, maïs ou pomme de terre, cette nouvelle technologie, See & Spray Select, identifie à la fois les rangs de culture et les mauvaises herbes présentes dans les intervalles.
Résultat : la buse de pulvérisation se déclenche seulement lorsque « l’œil électronique » de See & Spray Select détecte une adventice dans l’interrang. Sachant que les mauvaises herbes poussent souvent en groupe et que le rayon d’action de la buse est suffisamment large, la matière active atteint aussi les adventices sous le rang, même si aucune détection n’y a été effectuée.
Tout au long des essais, Damien Menuel a maintenu un échange régulier avec les techniciens et les ingénieurs des usines John Deere de Horst (Pays-Bas) et Des Moines (États-Unis). L’objectif était, en conditions réelles et sur différentes cultures, de développer et d’optimiser le logiciel See & Spray Select tout en réduisant à un minimum la quantité d’herbicide appliquée. Sur les fermes en travail du sol réduit ayant participé aux essais, on trouvait souvent des adventices plus développées et mieux enracinées ayant survécu au désherbage mécanique.
Avec See & Spray Select, nous avons mesuré une efficacité de désherbage équivalente à une dose pleine.
Stijn Kroonen
C’est là que See & Spray Select développe tout son potentiel. Le dispositif ouvre les buses et projette la dose exacte nécessaire à tuer les adventices. Mais dès qu’il cesse d’en détecter, il arrête aussitôt de pulvériser. Les premiers résultats sont « très satisfaisants », juge Stijn Kroonen, représentant de l’usine John Deere à Horst. « Sur l’ensemble des essais See & Spray Select réalisés au champ, nous avons mesuré une efficacité de désherbage équivalente à une dose pleine. » Conséquence : l’agriculteur utilise moins de produit, il économise sur ses charges opérationnelles, et dans le même temps, il préserve l’environnement.