Comment profiter au mieux de la couverture du sol avant l’implantation d’un tournesol ? « Nous observons plusieurs bénéfices apportés par les couverts : réduction des pertes d’azote en hiver, du risque d’érosion, meilleure minéralisation d’azote, stockage de carbone, maintien ou amélioration de la structure des sols… », relève Matthieu Abella, référent tournesol de l’institut Terres Inovia. Ces couverts permettent aussi de répondre aux contraintes réglementaires imposées en zone vulnérable. Dans une rotation céréalière, ils apportent un autre effet intéressant : ils diminuent la masse des graminées adventices, vulpin et ray-grass en particulier.
Bons mélanges
En marge du bénéfice agronomique, quel impact le couvert a-t-il sur le rendement ? Selon les essais conduits par Terres Inovia, des mélanges d’espèces bien choisis permettent a minima de maintenir, et parfois d’augmenter le rendement du tournesol qui suit. « Les mélanges avec des espèces légumineuses et non légumineuses permettent de maximiser les bénéfices du couvert, surtout dans les sols à faibles fournitures azotées. Par exemple, le mélange phacélie-féverole est particulièrement bien adapté avant un tournesol. »



Avant tournesol, les couverts de phacélie et féverole sont bien adaptés. Moutarde et phacélie présentent toutes deux un fort pouvoir d’absorption d’azote minéral. ©adobestock/zhikun sun, ©adobestock/Amalia Gruber, ©adobestock/Volodymyr
« Plus généralement, le couvert doit intégrer des espèces à installation rapide et à fort pouvoir d’absorption d’azote minéral fin août-début septembre : moutarde blanche, phacélie… En revanche, il faut proscrire dans le couvert trois espèces : le niger qui augmente le risque de mildiou, le lin pour le risque d’une autre maladie, la verticilliose, et le sarrasin en raison des repousses qu’il laisse sur la parcelle. »
Anti-Érosion
Dans ce bilan, il faut aussi tenir compte des effets à long terme. Car le couvert a un effet plus global sur le sol, en réduisant le risque d’érosion par ruissellement. Les coteaux argilocalcaires du Lauragais, au sud de Toulouse, sont très sensibles à ce phénomène. Les couverts testés dans cette région sont implantés à la fin de l’été précédent le semis du tournesol.

Après un orage observé au mois de mai, les parcelles avec du tournesol associé à un couvert fixent bien la terre. « Peu de dépôts sont observés en bas de pente. En revanche, sur le tournesol semé seul, un phénomène érosif est observé ainsi que des dépôts de terre en contrebas de la parcelle », insiste Matthieu Loos, ingénieur Terres Inovia. « Si l’on implante le couvert dans l’interculture, l’important est de ne pas compromettre l’implantation du tournesol et son peuplement, qui ont un fort impact sur le rendement. »
De plus, le couvert végétal ne remplace pas un travail de sol lorsque celui-ci est nécessaire à la réussite de l’enracinement. Dans les régions sud, le choix des espèces est assez proche du choix fait en région Centre-Ouest : les couverts à base de légumineuses sont bien placés pour sécuriser la gestion de l’interculture, l’important étant de bien caler leur destruction. « Il faut intervenir environ deux mois avant le semis du tournesol pour ne pas pénaliser la culture », estime Matthieu Loos.
Couvert Intraculture
Et si le tournesol poussait encore mieux accompagné d’une légumineuse pendant son cycle de culture ? Cette option doit encore faire ses preuves. « Nous avons testé trois espèces semées avec le tournesol : trèfle blanc, luzerne et lotier », rapporte Michael Geloen, ingénieur Terres Inovia. En moyenne, l’association avec le tournesol réduit la hauteur de la culture de 10 à 20 cm et le diamètre du capitule reste équivalent, de 17 à 19 cm.
Nous observons plusieurs bénéfices apportés par les couverts.
Matthieu Abella
En revanche, le rendement du tournesol associé est de 25 à 37 % inférieur. En pratique, les semis tardifs de légumineuses au stade limite passage tracteur permettraient de décaler la période de forte concurrence avec le tournesol. Mais cette technique reste risquée, car la légumineuse ne réussit pas toujours à lever, ce que démontrent trois années d’essais. Des tests sont poursuivis pour évaluer cette technique et les avantages sur la fertilisation et la structure du sol.