RécolteUne vie auprès des ensi­leuses

Jean-Luc Resnik et les ensi­leuses auto­mo­trices vert et jaune, c’est une longue histoire, étroi­te­ment liée à l’usine John Deere de Zwei­brü­cken. Aujourd’hui retraité, Jean-Luc était présent lorsque la produc­tion d’ensileuses s’est installée en Europe, et a pu suivre leur évolu­tion au fil des années. Il revient avec « Le Sillon » sur les moments forts.

Le jour de sa retraite, Jean-Luc Resnik était le dernier employé de produc­tion à avoir parti­cipé à la construc­tion de la première ensi­leuse auto­mo­trice John Deere en Alle­magne. Avec près de quatre décen­nies d’activité à l’usine de Zwei­brü­cken, cet ancien instal­la­teur en chauf­fage et plom­berie n’a qu’un regret : « J’aurais préféré commencer à travailler chez John Deere encore plus tôt et faire mon appren­tis­sage ici », sourit-il. De son parcours au sein de l’entreprise, il retient en parti­cu­lier la bonne ambiance entre collègues, et l’esprit d’équipe qui anime tout le personnel.

La deuxième fois sera la bonne

Jean-Luc se souvient exac­te­ment du jour où il a débuté chez John Deere. C’était le 25 mars 1985. Âgé de 25 ans à l’époque, il était à la recherche d’un emploi et s’était rendu à Zwei­brü­cken le lundi matin pour s’entretenir avec le respon­sable du personnel. Quelques heures plus tard seule­ment, il commen­çait sa carrière sur la ligne de produc­tion du machi­niste agri­cole – où il est resté jusqu’à sa retraite.

Jean-Luc Resnik a initia­le­ment été affecté à l’atelier de remise en état des ensi­leuses auto­mo­trices.

Il a ensuite travaillé long­temps sur les rotors multi­cou­teaux et, plus récem­ment, au dépar­te­ment des compo­sants des ensi­leuses auto­mo­trices, au sein de l’équipe dédiée aux rouleaux et aux cadres pendu­laires.

L’équipe derrière la concep­tion de la première ensi­leuse auto­mo­trice à Zwei­brü­cken

Tout au long de ses nombreuses années chez John Deere, Jean-Luc Resnik n’a pas cessé d’être impres­sionné par l’esprit de coopé­ra­tion et la cohé­sion au sein de l’entreprise.

« J’avais déjà eu une propo­si­tion pour démarrer chez John Deere sept ans plus tôt », se souvient le Mosellan, qui vivait alors à Putte­lange-aux-Lacs (57), à 50 km de la ville alle­mande de Zwei­brü­cken. « Le respon­sable RH avait passé la fron­tière et était venu à l’auberge du village parce qu’il cher­chait du monde. Mais je n’étais pas prêt à faire 100 kilo­mètres par jour, et je n’ai pas donné suite. » Diffi­cile alors de s’imaginer que, quelques années plus tard, il se retrou­ve­rait fina­le­ment à Zwei­brü­cken.

La série 6000 débarque

Au début des années 1990, peu de temps après l’arrivée de Jean-Luc Resnik, la produc­tion d’ensileuses auto­mo­trices démé­nage des États-Unis pour s’installer à Zwei­brü­cken.

Au début des années 90, face à une demande crois­sante en Europe pour des machines de plus grand volume au débit de chan­tier élevé, la produc­tion d’ensileuses auto­mo­trices s’installe dans cette ville du sud-ouest de l’Allemagne. Aupa­ra­vant et jusqu’à la série 5000, les machines étaient fabri­quées aux États-Unis. C’est le départ d’une période passion­nante pour Jean-Luc Resnik et le reste des employés asso­ciés à ce projet. L’équipe de Zwei­brü­cken était en effet dédiée à la construc­tion de proto­types pour une série initiale de 15 machines. Un défi de taille pour Jean-Luc Resnik, qui n’avait jusqu’alors travaillé qu’à l’assemblage de mois­son­neuses-batteuses et ne possé­dait aucune expé­rience avec les ensi­leuses. C’est seule­ment en 1991, après l’arrêt de la produc­tion de cabines de mois­son­neuses-batteuses que les ajus­teurs sont réaf­fectés aux ensi­leuses auto­mo­trices.

Jean-Luc Resnik et ses collègues doivent partir de zéro. Dans les premiers temps, un grand nombre de pièces ne s’ajustent pas correc­te­ment. L’équipe de concep­tion doit donc travailler main dans la main avec les services essais et assem­blage. « J’ai beau­coup appris là-bas, notam­ment parce que je m’intéressais aux ensi­leuses », rapporte Jean-Luc. « La première année, nous en avons construit environ 400. La produc­tion a augmenté en continu. » Le passage aux modèles 8000, en parti­cu­lier, tire vers le haut le nombre de machines sortant de Zwei­brü­cken, avec une produc­tion record de 900 unités/an.

Un pion­nier des démons­tra­tions client

Les compli­ca­tions initiales concernent notam­ment les lames, avec une qualité de coupe insuf­fi­sante à l’origine, mais aussi les trans­mis­sions et pièces de fonderie qui tendent à casser sur les proto­types de premières séries, néces­si­tant des modi­fi­ca­tions et des adap­ta­tions. Aussitôt les premières ensi­leuses termi­nées, Jean-Luc et le reste de l’équipe de Zwei­brü­cken entament un tour d’Europe pour faire la démons­tra­tion des machines sur le terrain, et convaincre les clients. « Nous étions constam­ment sur la route, en l’Allemagne, aux Pays-Bas, en France, en Belgique et dans beau­coup d’autres pays », se souvient-il.

C’était formi­dable de voir que nos clients restaient tout aussi satis­faits de leur ensi­leuse.

Jean-Luc Resnik

À cette époque, Jean-Luc parti­cipe à la prépa­ra­tion des machines avant leur présen­ta­tion aux conces­sion­naires ou aux clients, et est notam­ment chargé de s’assurer que les lames soient parfai­te­ment affû­tées. Il ensile aussi lui-même pour démon­trer les diffé­rentes fonc­tion­na­lités. « C’était formi­dable de voir que nos clients restaient aussi satis­faits de leur ensi­leuse, deux ans après ma première visite, qu’ils l’étaient au moment de l’achat. »

Avec les premiers proto­types d’ensileuses, Jean-Luc Resnik et l’équipe de Zwei­brü­cken parcourent l’Europe pour des démons­tra­tions terrain.

Photos 1 à 3 : des ensi­leuses en pleine action en Belgique et aux Pays-Bas.

Jean-Luc était notam­ment chargé de préparer les machines pour les démons­tra­tions.

Des progrès en continu, sur le fond et la forme

Dans les décen­nies suivant le lance­ment des premières machines, Jean-Luc Resnik reste person­nel­le­ment impliqué dans l’histoire des ensi­leuses vert et jaune. Il occupe long­temps le poste de répa­ra­teur de rotors multi­cou­teaux, avant de finir sa carrière au sein de l’équipe dédiée aux rouleaux et aux cadres pendu­laires. Il assiste en temps réel à une évolu­tion signi­fi­ca­tive des perfor­mances, mais aussi de la simpli­cité d’utilisation des machines : « Grâce aux avan­cées tech­niques sur les nouvelles ensi­leuses, des éléments comme l’affûtage des couteaux et l’ajustement des contre-couteaux n’ont plus besoin d’être réalisés à la main, ce qui faci­lite énor­mé­ment la tâche. Et en termes d’apparence, les machines ont beau­coup changé. Au cours des 30 dernières années, l’esthétique carrée des débuts a évolué pour faire place à un corps plus arrondi. »

Jean-Luc Resnik était aux premières loges lors du déve­lop­pe­ment de modèles d’ensileuses qui auront marqué les dernières décen­nies.

Sa journée de travail était remplie de tâches aussi variées qu’exigeantes. « J’ai toujours aimé essayer diffé­rentes choses, et j’ai souvent trouvé des solu­tions créa­tives. Si je pouvais recom­mencer chez John Deere, je refe­rais exac­te­ment pareil ! », explique le vétéran des ensi­leuses auto­mo­trices, qui garde d’excellents souve­nirs de ses années chez le fabri­cant de maté­riel agri­cole. Un beau bilan, au terme de 40 ans de travail auprès du même employeur.