Du bioé­thanol d’agave

Un petit verre, une pincée de sel, une tranche de citron… la tequila est sans doute le plus fameux des produits tirés de l’agave. Mais cette plante du Sud se prête égale­ment à la trans­for­ma­tion en agroé­thanol.

La réduc­tion rapide des émis­sions de gaz à effet de serre est une néces­sité, et la demande en carbu­rants verts augmente en consé­quence. Qu’est-ce qui, dans ce contexte, rend l’agave plus adapté à la produc­tion de bioé­thanol que d’autres plantes comme le maïs et la canne à sucre ?

Réponse : avec un faible besoin en eau, l’agave est capable de pousser dans des condi­tions semi- arides sans irri­ga­tion. « L’agave est une culture respec­tueuse de l’environnement que nous pouvons cultiver pour produire des carbu­rants à base d’éthanol, ainsi que des produits de santé », déclare Daniel Tan, profes­seur au Sydney Insti­tute of Agri­cul­ture.

Le profes­seur Daniel Tan : « L’agave montre un vrai poten­tiel pour l’élaboration de biocar­bu­rants. »

Analyse écono­mique

Pour Dr Xiaoyu Yan, maître de confé­rences en énergie et envi­ron­ne­ment à l’Université d’Exeter (Royaume-Uni), l’agave, comme source d’éthanol, serait même supé­rieur à la canne à sucre et au maïs sur le plan de la qualité, voire de la quan­tité produite. En colla­bo­ra­tion avec des collègues de l’Université d’Adélaïde, en Australie, les deux scien­ti­fiques ont mené la première évalua­tion complète du cycle de vie de la plante, suivie d’une analyse écono­mique du bioé­thanol produit à partir d’un champ d’agaves austra­liens.

« Notre analyse démontre qu’un rende­ment en bioé­thanol de 7 414 litres par hectare et par an est réali­sable avec des agaves âgés de cinq ans. » C’est donc un peu moins que la canne à sucre, à 9 900 l / ha par an, mais l’incidence envi­ron­ne­men­tale de cette dernière – liée à l’eutrophisation de l’eau douce, l’écotoxicité marine et à ses besoins en eau – est large­ment plus élevée que celle de l’agave, d’après les conclu­sions de l’essai.

L’agave résiste bien à la séche­resse et pousse dans des condi­tions semi-arides.

Des aides encore néces­saires

Dans les condi­tions de cultures austra­liennes, le rende­ment en éthanol du maïs était quant à lui large­ment infé­rieur, avec 3 800 l/ha et par an. Comme future source de biocar­bu­rants, « l’agave est un gagnant, écono­mi­que­ment comme du point de vue envi­ron­ne­mental », résume Xiaoyu Yan.

Dans un horizon proche, mais pas immé­diat : l’analyse écono­mique suggère que la première géné­ra­tion d’agroéthanols d’agave n’est pas commer­cia­le­ment viable sans un coup de pouce de l’État.

La renta­bi­lité pour­rait s’améliorer avec la demande émer­gente de nouveaux produits de santé.

Prof. Daniel Tan

À moins que la renta­bi­lité ne soit améliorée grâce à d’autres types de valo­ri­sa­tion : « Cela pour­rait cepen­dant changer avec la demande émer­gente de nouveaux produits de santé à base d’éthanol, comme les solu­tions hydro­al­coo­liques pour les mains », estime ainsi Xiaoyu Tan.

Alors que l’étude s’est exclu­si­ve­ment penchée sur la culture de l’agave en Australie, cette aspa­ra­gacée est aussi cultivée depuis le milieu du XVIe siècle dans le sud de l’Europe, notam­ment en Espagne où elle est exploitée pour sa fibre et en alimen­ta­tion animale.