Dans le village roumain de Borcea, Rică Stoian dirige une exploitation céréalière parmi les plus avancées du pays, que ce soit en termes de conduite des cultures ou de machinisme. « Nous avons démarré notre activité en 1994 sur 450 ha. Nous nous sommes agrandis peu à peu jusqu’à cultiver 1 800 hectares aujourd’hui. » À peine franchies les portes de la ferme, la cour bien organisée et les aménagements techniques impressionnent. Avec une zone de réception des céréales comportant des ponts-bascules, des silos d’une capacité de 15 000 tonnes pour le stockage des récoltes, de nombreux hangars pour les machines, des panneaux solaires alimentant toute la plate-forme logistique et des espaces verts bien soignés, l’exploitation dégage une forte impression de modernité.
« Au cours de mes premiers voyages à l’étranger, lorsque je suis arrivé en Europe de l’Ouest et que j’ai vu des fermes modernes, bien entretenues et attrayantes, je me suis dit : attendez un peu, ce sont des gens comme nous, alors pourquoi ne pas faire m’inspirer de ce que j’ai vu dans le monde entier pour ma propre exploitation ? », rapporte Rică Stoian.
Conserver l’eau du sol
L’exploitation possède actuellement 25 % de ses terres et prend le reste en fermage, avec des parcelles réparties dans un rayon de 18 km autour du site. La région ne bénéficie pas de fortes précipitations. Au contraire, ces dernières années ont été marquées par une grave sécheresse. C’est la raison pour laquelle la stratégie actuelle mise sur les cultures d’automne plutôt que sur celles de printemps. Le blé et le colza dominent (800 à 900 ha et 300 à 400 ha, respectivement), tandis que le maïs et le tournesol représentent 300 ha chacun.
« Bien que nous nous trouvions à proximité d’un ancien canal d’irrigation, nous n’y avons jamais vu d’eau depuis 1989. Nous n’avons pas foré de puits en raison du coût et de la complexité de ce type de projet. Nous avons choisi d’opérer une transition vers l’agriculture de conservation avec un travail du sol moins intensif, et nous nous dirigeons vers une approche sans labour », explique Rică Stoian.
Nous avons choisi d’opérer une transition vers l’agriculture de conservation.
Rică Stoian
Ce changement d’approche a motivé l’achat de nouveaux tracteurs et d’autres matériels, avec pour objectif de conserver l’eau du sol, de réduire les coûts et d’augmenter la productivité. Les dix tracteurs John Deere de l’exploitation sont équipés du système de pont avant suspendu, ce qui les rend non seulement plus confortables pour les utilisateurs – mais aussi plus efficaces au travail, notamment en termes de débit de chantier. « La traction est répartie plus équitablement entre les roues, ce qui augmente notre productivité à l’hectare. »
« À titre d’exemple, alors que nous avions l’habitude de pulvériser 260 à 300 hectares par jour, nous atteignons aujourd’hui les 500 hectares. Nous avons gagné en efficacité. Nous semons environ 130 ha de tournesols en une journée. » L’exploitation dispose de deux grands déchaumeurs à disques qui préparent respectivement 160 ha de sol par jour, avec une profondeur de travail de 8 cm. « Ces équipements nous ont permis d’augmenter notre productivité de 20 à 30 % », explique l’agriculteur.
Généraliser le semis direct
L’exploitation continue à labourer 30 % de sa surface, plus particulièrement les champs de colza, où les résidus de culture doivent être enfouis dans le sol. Elle utilise aussi un Horsch Tiger depuis 10 ans avec des rendements parfois supérieurs de 20 % surles parcelles préparées à l’aide ce modèle. Le défi majeur est bien celui de la sécheresse, qui bouleverse tout plan de développement. Alors que les cultures font encore bonne figure au printemps, la plupart d’entre elles accusent souvent le coup au cours de l’été.
En 2023, les rendements moyens étaient de 24 q/ha pour le colza, 43 q/ha pour le blé, 6 q/ha pour le tournesol et seulement 4 q/ha pour le maïs. « Il arrive qu’on ne puisse pas lutter contre la nature », commente Rică Stoian. L’agriculteur espère donc que la généralisation du semis direct permettra conserver d’avantage d’humidité, en vue de stabiliser les rendements.