Une tran­si­tion vers le semis direct sur 1 800 ha

Avec – entre autres – 10 trac­teurs John Deere, Agro­serv Borcea est aujourd’hui l’une des exploi­ta­tions les mieux équi­pées du sud de la Roumanie. Mais les séche­resses répé­tées ont impacté les rende­ments des dernières campagnes. La ferme envi­sage de se tourner vers un simpli­fi­ca­tion des tech­niques cultu­rales pour préserver l’eau du sol.

Dans le village roumain de Borcea, Rică Stoian dirige une exploi­ta­tion céréa­lière parmi les plus avan­cées du pays, que ce soit en termes de conduite des cultures ou de machi­nisme. « Nous avons démarré notre acti­vité en 1994 sur 450 ha. Nous nous sommes agrandis peu à peu jusqu’à cultiver 1 800 hectares aujourd’hui. » À peine fran­chies les portes de la ferme, la cour bien orga­nisée et les aména­ge­ments tech­niques impres­sionnent. Avec une zone de récep­tion des céréales compor­tant des ponts-bascules, des silos d’une capa­cité de 15 000 tonnes pour le stockage des récoltes, de nombreux hangars pour les machines, des panneaux solaires alimen­tant toute la plate-forme logis­tique et des espaces verts bien soignés, l’exploitation dégage une forte impres­sion de moder­nité.

« Au cours de mes premiers voyages à l’étranger, lorsque je suis arrivé en Europe de l’Ouest et que j’ai vu des fermes modernes, bien entre­te­nues et attrayantes, je me suis dit : attendez un peu, ce sont des gens comme nous, alors pour­quoi ne pas faire m’inspirer de ce que j’ai vu dans le monde entier pour ma propre exploi­ta­tion ? », rapporte Rică Stoian. 

La campagne 2023 a vu des chutes de rende­ments impor­tants en raison de la séche­resse.

Conserver l’eau du sol

L’exploitation possède actuel­le­ment 25 % de ses terres et prend le reste en fermage, avec des parcelles répar­ties dans un rayon de 18 km autour du site. La région ne béné­ficie pas de fortes préci­pi­ta­tions. Au contraire, ces dernières années ont été marquées par une grave séche­resse. C’est la raison pour laquelle la stra­tégie actuelle mise sur les cultures d’automne plutôt que sur celles de prin­temps. Le blé et le colza dominent (800 à 900 ha et 300 à 400 ha, respec­ti­ve­ment), tandis que le maïs et le tour­nesol repré­sentent 300 ha chacun.

« Bien que nous nous trou­vions à proxi­mité d’un ancien canal d’irrigation, nous n’y avons jamais vu d’eau depuis 1989. Nous n’avons pas foré de puits en raison du coût et de la complexité de ce type de projet. Nous avons choisi d’opérer une tran­si­tion vers l’agriculture de conser­va­tion avec un travail du sol moins intensif, et nous nous diri­geons vers une approche sans labour », explique Rică Stoian.

Ce chan­ge­ment d’approche a motivé l’achat de nouveaux trac­teurs et d’autres maté­riels, avec pour objectif de conserver l’eau du sol, de réduire les coûts et d’augmenter la produc­ti­vité. Les dix trac­teurs John Deere de l’exploitation sont équipés du système de pont avant suspendu, ce qui les rend non seule­ment plus confor­tables pour les utili­sa­teurs – mais aussi plus effi­caces au travail, notam­ment en termes de débit de chan­tier. « La trac­tion est répartie plus équi­ta­ble­ment entre les roues, ce qui augmente notre produc­ti­vité à l’hectare. »

« À titre d’exemple, alors que nous avions l’habitude de pulvé­riser 260 à 300 hectares par jour, nous attei­gnons aujourd’hui les 500 hectares. Nous avons gagné en effi­ca­cité. Nous semons environ 130 ha de tour­ne­sols en une journée. » L’exploitation dispose de deux grands déchau­meurs à disques qui préparent respec­ti­ve­ment 160 ha de sol par jour, avec une profon­deur de travail de 8 cm. « Ces équi­pe­ments nous ont permis d’augmenter notre produc­ti­vité de 20 à 30 % », explique l’agriculteur.

L’acquisition de trac­teurs John Deere a permis d’augmenter la produc­ti­vité de 20 à 30 %, selon le direc­teur d’exploitation.

Une flotte vert et jaune impres­sion­nante : les 10 John Deere d’Agroserv Borcea.

Géné­ra­liser le semis direct

L’exploitation continue à labourer 30 % de sa surface, plus parti­cu­liè­re­ment les champs de colza, où les résidus de culture doivent être enfouis dans le sol. Elle utilise aussi un Horsch Tiger depuis 10 ans avec des rende­ments parfois supé­rieurs de 20 % surles parcelles prépa­rées à l’aide ce modèle. Le défi majeur est bien celui de la séche­resse, qui boule­verse tout plan de déve­lop­pe­ment. Alors que les cultures font encore bonne figure au prin­temps, la plupart d’entre elles accusent souvent le coup au cours de l’été.

En 2023, les rende­ments moyens étaient de 24 q/ha pour le colza, 43 q/ha pour le blé, 6 q/ha pour le tour­nesol et seule­ment 4 q/ha pour le maïs. « Il arrive qu’on ne puisse pas lutter contre la nature », commente Rică Stoian. L’agriculteur espère donc que la géné­ra­li­sa­tion du semis direct permettra conserver d’avantage d’humidité, en vue de stabi­liser les rende­ments.